Les régimes totalitaires

Connaissances

Trois régimes totalitaires

Quelles sont les caractéristiques des trois régimes totalitaires mis en place en URSS, en Italie et en Allemagne dans les années 1920 et 1930 ?

 

Totalitarisme concept qui permet de caractériser les dictatures fondées sur un parti unique incarné par un chef charismatique, une économie dirigée par le parti-État, le monopole de l’information, la terreur exercée par l’appareil policier et une idéologie d’État globalisante cherchant à soumettre totalement la société.

 

 

 I. Le régime soviétique 

 

 A. L’idéologie: Staline et les classes sociales 

 

  • L’URSS est un régime totalitaire de gauche. Le régime soviétique s’appuie sur le marxisme-léninisme qui veut établir l’égalité sociale par la révolution et la fin de la domination des bourgeois sur les ouvriers (les prolétaires).
  • Contrôlant l’URSS d’une main de fer à partir de 1927, Staline annonce lutter contre un ennemi intérieur pensé comme malfaisant (le «bourgeois capitaliste») afin de donner naissance à un « Homme nouveau », pleinement communiste et à une société égalitaire sans classes sociales.

 

 B. L’encadrement de la société 

 

  • La propagande fait de Staline un chef charismatique, le Vojd («le guide»), le «petit père  des  peuples ».  Le Parti  communiste  d’Union  soviétique  (PCUS),  parti  unique, encadre la vie politique. Les manifestations de masse (comme le 1er mai à Moscou) sont des démonstrations de force du régime.
  • Les jeunes sont embrigadés dans les Komsomols et les travailleurs sont encadrés par le syndicat communiste dont l’objectif n’est pas de défendre les travailleurs mais de les inciter à travailler davantage (stakhanovisme).
  • L’État doit contrôler toute l’économie. À partir de 1929, Staline impose violemment la collectivisation des terres, obligeant  les  paysans  à  entrer dans des kolkhozes. Il fait nationaliser les entreprises et planifie les objectifs économiques dans des plans quinquennaux.

 

 C. La terreur stalinienne 

 

  • Toute opposition envers  l’État  est  passible  d’une  répression.  Environ 1,8 million de koulaks sont déportés dans les camps du Goulag dès 1929 et la collectivisation provoque une grande famine en Ukraine (plus de 8 millions de morts en 1933). L’URSS s’appuie sur un organisme de surveillance, la Guépéou, remplacée par le NKVD en 1934.
  • De 1937 à 1938, Staline instaure une «Grande Terreur» qui fait près de 750 000 morts en 16 mois. C’est l’occasion d’arrêter, emprisonner ou tuer des individus vus comme nuisibles à la nouvelle société communiste, mais aussi des adversaires de Staline au sein du PCUS.
  • Pour autant la résistance au stalinisme est forte et le totalitarisme stalinien, malgré toute sa violence, n’est que partiellement appliqué (ordres non exécutés, opposition).

 

 

 III. Le régime national-socialiste allemand 

 

 A. L’idéologie : Hitler et la race aryenne 

 

  • L'Allemagne de la République de Weimar est durement touchée par la crise économique de 1929. Adolf Hitler, dirigeant du NSDAP (ou parti nazi), accuse le traité de Versailles, les Juifs, la République d’être responsables de la crise.
  • Hitler installe un État totalitaire de droite. Selon lui, les Allemands appartiennent à la « race » supérieure des Aryens, affaiblie par des siècles de mélanges avec les Juifs. Il souhaite régénérer l’Allemagne par une idéologie raciste, antisémite, guerrière et eugéniste permettant aux Aryens de prendre possession de leur « espace vital ». Pour atteindre cet objectif, les Aryens doivent avoir un chef (un Führer) et se préparer à la guerre.
  • Le NSDAP devient le premier parti au Reichstag après les élections législatives de 1932. Le président Hindenburg nomme alors Hitler chancelier le 30 janvier 1933.

 

 B. La mise au pas de l’Allemagne 

 

  • Hitler limite les libertés individuelles, se fait octroyer les pleins pouvoirs par le Parlement, fait du NSDAP le parti unique. En 1934, il élimine ses opposants au sein du NSDAP lors de la nuit des Longs Couteaux (85 SA sont assassinés les 29 et 30 juin) et, à la mort d’Hindenburg en août, il se fait proclamer Reichsführer : Hitler est dès lors le seul dirigeant de l’Allemagne.
  • La société est embrigadée (Jeunesses hitlériennes), encadrée par une propagande et surveillée par une police politique dès 1933 (la Gestapo).
  • Les commandes militaires de l’État relancent la production. Les nombreux recrutements dans la police, l’armée et l’industrie permettent de sortir du chômage de masse (6 millions de chômeurs en 1932, 400000 en 1938).

 

 C. La terreur nazie 

 

  • Les individus  censés  représenter  un  danger  sont  persécutés  (1  million  d’individus emprisonnés et 500 000 exilés de 1933 à 1939). Le premier camp de concentration ouvre à Dachau en mars 1933. Des autodafés (incendies de livres) sont organisés par l’État.
  • Une politique antisémite est mise en place. Les Juifs servent de boucs émissaires : boycott des magasins juifs dès avril 1933, lois de Nuremberg de 1935 les privant de la nationalité allemande et interdisant tout mariage entre Juifs et citoyens allemands, nombreux emplois interdits à partir de 1938, pogrom organisé par l’État lors de la nuit de Cristal du 9 au 10 novembre 1938.
  • Pour autant, des formes de résistance passive existent en Allemagne où des Allemands conservent des idéaux politiques contraires au nazisme.
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 La marche vers la guerre 

 

Comment les totalitarismes mènent-ils le monde vers la guerre?

 

 I. Les premières agressions allemandes et italiennes (1933-1936) 

 

 A. Une politique d’intimidation 

 

  • Hitler souhaite réviser le traité de Versailles de 1919 et réaffirmer la puissance allemande. Il mène une politique d’intimidation à l’égard de la Société des Nations (SDN) et des autres pays européens. En violation du traité de Versailles, Hitler réarme l’Allemagne et rétablit le service militaire obligatoire en 1935 avant de remilitariser la Rhénanie en 1936 (construction de la «ligne Siegfried» du côté allemand, face à la «ligne Maginot» du côté français). Il constitue un réseau d’alliances : en 1936, il s’allie à l’Italie fasciste (axe Rome-Berlin) et au Japon (pacte anti-Komintern afin de préparer un éventuel conflit avec l’URSS).
  • En Italie, au milieu des années 1930, Mussolini propose de nouvelles sources de mobilisation à la société italienne: afin d’accroître son prestige international, l’Italie attaque l’Éthiopie en octobre 1935. Le Duce impose la terreur en Éthiopie. La conquête militaire apparaît comme un laboratoire de la violence totalitaire italienne (utilisation de gaz asphyxiants, massacres de milliers de civils éthiopiens). La propagande fasciste inscrit ce succès militaire italien dans la continuité des victoires de la Rome antique.

 

 B. La faiblesse de la Société des Nations 

 

  • Impuissante,  la  SDN  condamne  et  sanctionne  en  vain  l’Italie :  le 9 mai 1936, Mussolini annonce l’annexion de l’Éthiopie mais, quelques jours plus tard, la SDN lève les sanctions. L’Italie en profite alors pour se rapprocher militairement de l’Allemagne.
  • Les démocraties et la SDN se montrent incapables d’intervenir efficacement pour empêcher les coups de force allemands et italiens à partir de 1936. La France et le Royaume-Uni, imprégnées de pacifisme, ne montrent qu’une opposition de principe, de peur de déclencher une nouvelle guerre mondiale.

 

 

 II. La guerre d’Espagne (1936-1939) : un terrain d’affrontement des puissances 

 

 A. Une guerre civile 

 

  • En Espagne, la coalition des partis de gauche au sein du Frente Popular remporte les élections législatives du 16 février 1936. Mais la droite nationaliste refuse de reconnaître sa défaite électorale. Le 17 juillet, un coup d’État militaire est organisé par le général Franco.
  • À  la  tête  de  l’armée  du  Maroc  espagnol  et  du  sud  de  l’Espagne, Franco s’engage dans une guerre civile contre le gouvernement légal du Frente Popular. Le conflit oppose les forces de la droite catholique et nationaliste (les franquistes) aux forces de la gauche républicaine.

 

 B. L’intervention des puissances totalitaires 

 

  • La guerre s’internationalise. Les régimes fascistes et nazis soutiennent la révolte conservatrice menée par le général Franco «contre le bolchevisme» et la république. L’Allemagne pense aussi qu’une Espagne alliée pourrait lui être utile militairement en cas de futur conflit avec la France. L’Italie juge qu’une alliance avec une future dictature espagnole lui permettrait d’étendre son influence en Méditerranée.
  • L’URSS  soutient  les  républicains  espagnols  à  l’aide  du  Komintern  qui  organise l’intervention  militaire  des  Brigades  internationales.  Elle  leur  livre  des  armes  mais n’intervient pas directement, notamment en raison de son éloignement géographique et de la désorganisation de son armée dans un contexte de Grande Terreur. La France et le Royaume-Uni font le choix de ne pas intervenir pour ne pas déclencher une nouvelle guerre mondiale.
  • L’Espagne  devient  un  terrain  d’entraînement  pour  les  troupes  allemandes  et italiennes.  Les  deux  régimes  totalitaires  expérimentent  avec  succès  leurs  armes. L’aviation allemande constate les ravages de sa tactique du bombardement en piqué à Guernica le 26 avril 1937 (plus de 2 000 morts civils provoqués par les aviations allemande et italienne).
  • À l’issue du conflit, qui fait plus de 600 000 morts, le général Franco est victorieux en 1939 (entrée des franquistes dans Madrid le 1er avril 1939) et il prend la tête d’une dictature nationaliste et catholique. La division de l’Europe entre régimes autoritaires et démocraties s’accentue.

 

 

 III. Annexions totalitaires et alliances en Europe  (1938-1939) 

 

 A. De l’Autriche à l’Albanie 

 

  • Afin de réunir au sein du IIIe Reich tous les germanophones d’Europe, Hitler va poursuivre sa politique d’intimidation. En mars 1938, l’armée allemande occupe l’Autriche. Ni la SDN ni les démocraties ne réagissent à l’Anschluss. Hitler présente habilement ses revendications comme l’application du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. En septembre, il réclame le rattachement des Sudètes, une région de Tchécoslovaquie peuplée de germanophones.
  • Le  gouvernement  tchécoslovaque  refuse  mais,  lors  de  la  conférence  de  Munich (29-30  septembre  1938),  les  représentants  de  la  France  (Édouard  Daladier),  du Royaume-Uni  (Neville  Chamberlain)  et  de  l’Italie  (Mussolini)  acceptent  l’annexion allemande  au  nom  de  la  politique  de  « l’apaisement ».  La région  des  Sudètes  est annexée le 1eroctobre. Les démocraties pensent avoir sauvé la paix. Mais leur pacifisme montre surtout à Hitler qu’elles ne sont pas prêtes à réagir à ses coups de force.
  • Profitant de la passivité des démocraties, Hitler envahit la Bohême-Moravie (ouest de la Tchécoslovaquie) le 15 mars 1939. Il démantèle ainsi la Tchécoslovaquie, démocratie alliée de la France, qui pouvait représenter une menace militaire en cas de conflit, puis il oblige la Lituanie à lui céder le territoire germanophone de Memel (22 mars 1939). Stimulé par les succès allemands, Mussolini envahit l’Albanie le 7 avril 1939.

 

 B. Des alliances militaires à la guerre 

 

  • Les alliances militaires des États totalitaires sont prêtes. En 1937, l’Italie adhère au pacte anti-Komintern signé en 1936 entre l’Allemagne et le Japon ; la Hongrie les rejoint en février 1939 et l’Espagne de Franco en mars  1939.  L’alliance italo-allemande  est  renforcée  en  mai  1939  par  la signature du Pacte d’acier germano-italien dont l’objectif est d’assurer «la sécurité de leur espace vital».
  • Le 23 août 1939, Hitler signe un pacte de non-agression avec Staline qui contient un accord secret sur le futur partage de la Pologne entre l’URSS et l’Allemagne. L’URSS obtient un répit pour se préparer à un conflit inévitable avec l’Allemagne, tandis qu’Hitler évite toute alliance entre l’URSS et les démocraties occidentales.
  • De  leur  côté,  la  France  et  le  Royaume-Uni  s’allient  (février  1939).  Le 1er septembre  1939,  l’Allemagne  envahit  la  cité-État  de  Dantzig  et  la Pologne. Cette fois, la France et le Royaume-Uni réagissent. C’est le début de la Seconde Guerre mondiale.

 

 

  • Pacifisme refus de la guerre et volonté d’établir un système de relations entre États reposant sur la concorde. Le pacifisme de l’entre-deux-guerres, particulièrement présent en France et au Royaume-Uni, exprime le traumatisme de sociétés n’ayant pas su surmonter le choc de la Première Guerre mondiale. L’ «esprit munichois» pacifiste de 1938 va jusqu’à la résignation face aux agresseurs.

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 17/10/2022

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