Connaissances - Nouveaux rapports de puissance et enjeux mondiaux

 
  • En 1991, la fin de la confrontation de la Guerre froide laisse espérer un monde pacifié. Mais rapidement, les premiers conflits apparaissent, comme la première guerre du Golfe (1990-1991).
  • Dès les années 1990, de nouveaux rapports de puissance (rapports de force entre des pays capables d’exercer leur influence sur d’autres pays) apparaissent : les États-Unis s’affirment comme l’unique superpuissance du monde de l’après-Guerre froide. Cependant, cette superpuissance est bientôt concurrencée par la Chine ou la Russie. Elle est aussi violemment contestée par le terrorisme islamiste. Le monde est donc confronté à de nouveaux enjeux comme le réchauffement climatique.

 

Comment évoluent les rapports de force, les conflits et les coopérations à l’échelle mondiale depuis 1991 ?

 

I. « L’ordre américain » et les conflits après la guerre froide (années 1990)

 

A. L’hyperpuissance américaine

  • Le système  bipolaire  sur  lequel  reposait  l’équilibre  du  monde  disparaît  avec  la fin de la guerre froide. Les États-Unis accèdent au statut d’hyperpuissance dans un monde devenu unipolaire. En 1991, avec l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU, ils prennent la tête d’une coalition internationale pour faire la guerre à l’Irak de Saddam Hussein qui a envahi le Koweït au Moyen-Orient. Cette « première guerre du Golfe » montre leur supériorité militaire et leur leadership, mais aussi leur attachement au multilatéralisme.
  • Après 1992, sous la présidence de Bill Clinton (1992-2000), les États-Unis assument le rôle de « gendarmes du monde ». Ils cherchent à élargir le cercle des nations démocratiques (enlargement) en multipliant les interventions militaires contre les dictatures (Somalie 1992-1993, Haïti 1994) et jouent le rôle d’arbitre dans les conflits régionaux.  Par l’entremise de Clinton, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et Israël signent les accords d’Oslo (1993). Ils marquent les débuts d’un processus de paix israélo-palestinien et créent une Autorité nationale palestinienne sur une partie des territoires occupés par Israël (Cisjordanie, Gaza).

 

B. Les grands conflits de l’après-guerre froide

  • À partir de 1985, le régime d’apartheid d’Afrique du Sud est très affaibli par la lutte menée par l’ANC ((pour African National Congres, c’est-à-dire le parti sud-africain luttant contre l’apartheid), les  condamnations  de  l’ONU  et  les  sanctions  économiques  des États-Unis et des autres partenaires commerciaux du pays (Europe de l’Ouest, Japon). En 1992, le pouvoir blanc abandonne l’apartheid et, en 1994, les premières élections multiraciales permettent à Nelson Mandela de devenir le premier président noir d’Afrique du Sud.L
  • La fin du bloc de l’Est communiste libère des revendications nationalistes. À partir de 1991, les différentes nationalités de Yougoslavie prennent leur indépendance mais la Fédération yougoslave dominée par les Serbes s’y oppose. Les affrontements armés s’accompagnent d’opérations de « nettoyage ethnique » et de nombreux massacres (comme à Srebrenica en 1995) ordonnées par Slobodan Milošević, le président serbe. L’Union européenne et l’ONU sont impuissantes à pacifier la région ; c’est l’intervention militaire de l’OTAN qui met fin à la guerre de Bosnie en 1995 : sont alors signés les accords de Dayton.
  • Les conflits intra-étatiques se multiplient dans le monde. En 1994, un génocide au Rwanda a lieu. Suite à un attentat contre le président rwandais, les extrémistes Hutu prennent le pouvoir : Jean Kambanda, Premier ministre du pays, ordonne l’extermination des Tutsi et des Hutu modérés en profitant d’un manque d’action de la communauté internationale (l’ONU, l’Union européenne…). Le génocide (=élimination physique intentionnelle, totale ou partielle, d’un groupe national, ethnique ou religieux) des Tutsi, massacrés à coup de machette, fait plus d’un million de morts en moins de trois mois.

 

II.  Les nouvelles formes de conflits dans un monde qui devient multipolaire (depuis 2001)

 

A. Le choc du 11 septembre 2001

  • Dans les années 1990, les États-Unis doivent faire face à la nouvelle menace du terrorisme islamiste (attentats contre les ambassades américaines du Kenya et de Tanzanie en 1998). Le 11 septembre 2001, les attentats d’Al Qaïda aux États-Unis frappent deux lieux symboliques de l’hyperpuissance états-unienne : les tours jumelles du World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington D.C. Dirigée par Oussama Ben Laden, Al Qaïda plonge les États-Unis et le monde dans un état de choc : les quatre avions détournés font plus de 3 000 morts.
  • Le président américain George W. Bush (2001-2009) décide alors d’attaquer les pays qui abritent les terroristes. En 2001, avec l’accord de l’ONU, les États-Unis envahissent l’Afghanistan qui accueille les bases d’entraînement d’Al-Qaida. Puis, en 2003, sans avoir obtenu l’accord de l’ONU, ils attaquent l’Irak de Saddam Hussein qu’ils accusent à tort de soutenir le terrorisme et de fabriquer des armes de destruction massive (guerre d’Irak). Cette intervention unilatérale (unilatéralisme = politique extérieure d’un État qui ne tient pas compte de l’avis des autres États et de ceux des institutions internationales) est critiquée dans le monde entier.

 

B. Guerres asymétriques et terrorisme islamiste

  • S’ils obtiennent des victoires rapides, les États-Unis ne parviennent pas à pacifier les pays qu’ils occupent (Afghanistan, Irak). Ils y mènent des conflits asymétriques (=conflit opposant des forces aux moyens militaires inégaux) contre de petits groupes armés, sans réussir à empêcher la guerre civile qui gangrène ces pays. Le président Barack Obama (2009-2017) retire les troupes américaines d’Irak en 2011 et peu à peu d’Afghanistan à partir de 2014.
  • Les attentats terroristes islamistes se multiplient dans le monde : attentats à Madrid en mars 2004, attentats à Londres en juillet 2005… En 2014, l’organisation terroriste État islamique (=organisation terroriste islamiste ayant créé un État dans le Nord de la Syrie et de l’Irak) ou Daech voit le jour. Sa localisation lui donne d’importantes ressources, liées aux hydrocarbures, pour financer le terrorisme islamiste international (attentats à Paris en janvier et en novembre 2015). Les armées syriennes et irakiennes luttent contre Daech, aidées par une coalition internationale (États-Unis, France, Russie, Turquie…) : il s’agit d’un conflit asymétrique car les combattants de Daech sont difficilement identifiables, cachés au sein des populations civiles. De plus, les moyens militaires déployés par les Occidentaux sont nettement supérieurs à ceux mobilisés par les forces de Daech, ce qui explique la chute de son dernier bastion en 2019 mais pas sa disparition (car le mouvement terroriste perdure au Moyen Orient).

 

C. Rivalités croissantes et affrontement des puissances

  • Poussées par une forte croissance économique, des puissances émergentes – Chine, Inde, Brésil – développent leurs ambitions régionales. La Chine, qui devient la deuxième puissance économique en 2010, veut aussi jouer un rôle mondial. Le président chinois Xi Jinping, au pouvoir depuis 2013, a baptisé cette politique le « Rêve chinois ». La Russie de Vladimir Poutine retrouve aussi une place de premier plan dans les relations internationales. Après 2003, ces deux puissances s’opposent fréquemment aux États-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU, notamment suite à l’annexion de la Crimée en mars 2014. Le monde devient multipolaire (monde qui est organisé en fonction de plusieurs pôles de puissance).
  • Le Moyen-Orient, riche en hydrocarbures, est le théâtre de rivalités croisées entre puissances régionales (Arabie saoudite, Turquie, Iran) et mondiales (États-Unis, Russie). En 2014, une coalition internationale dirigée par les États-Unis intervient contre Daech en Syrie et en Irak. La Russie mène sa propre intervention pour détruire Daech mais aussi pour soutenir son allié dans la région, le dictateur syrien Bachar el-Assad.

 

III. La gouvernance mondiale face aux défis contemporains

 

A. Justice internationale et gestion des réfugiés

  • La Cour internationale de Justice avait disparu pendant la Guerre froide (les derniers procès étaient ceux de Nuremberg et de Tokyo pour juger les criminels de guerre nazis et japonais).
  • La justice pénale internationale qui avait disparu pendant la guerre froide réapparaît après celle-ci. L’ONU met en place des tribunaux internationaux temporaires pour juger les auteurs de crimes de guerre, génocide ou crimes contre l’humanité commis en ex-Yougoslavie (TPIY, 1993), au Rwanda (TPIR, 1994), puis dans d’autres pays. En 2002, elle crée un tribunal permanent : la Cour pénale internationale (CPI =tribunal permanent destiné à juger les décideurs ou les auteurs de crimes de guerre ou de crime contre l’humanité).
  • Ces tribunaux jugent les crimes de guerre (=violation du droit de la guerre) et les crimes contre l’humanité (=violation délibérée des droits fondamentaux d’un groupe d’individus inspirée par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux). Le TPIY a jugé et condamné le président serbe Slobodan Milošević ; le TPIR a jugé et condamné Jean Kambanda, Premier ministre du Rwanda au moment du génocide.
  • Néanmoins, la justice internationale souffre du manque de coopération de nombreux États.  Les réfugiés et les déplacés sont de plus en plus nombreux dans le monde depuis 1991. Le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) coordonne l’action internationale pour les protéger, les assister et les ramener chez eux si possible. Mais vue l’ampleur de sa tâche, les moyens sont insuffisants.
  • Depuis les années 2000, une nouvelle catégorie de réfugiés a fait son apparition et leur nombre progresse : ce sont les réfugiés climatiques (=personnes ayant fui leur pays/région suite à une rupture environnementale : survenue d’une catastrophe, disparition de ressources…). L’ONU prévoit entre 31 et 143 millions de réfugiés climatiques dans le monde en 2050.

 

B. La gouvernance mondiale face au défi climatique

  • Les problématiques environnementales se sont progressivement imposées dans le débat public dans les années 1990. Le défi du réchauffement climatique nécessite une véritable coopération multilatérale que l’ONU cherche à renforcer en organisant de grands sommets internationaux sur le climat, les « Conférences des parties » (COP). En 2015, la COP21 débouche sur l’accord de Paris par lesquels 195 pays s’engagent à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. En 2017, les États-Unis se retirent de l’accord. Pourtant, jamais la société – en particulier la jeunesse – n’a été aussi mobilisée (marche mondiale pour le climat de 2019).
  • En 2017, les États-Unis de Donald Trump se retirent de l’accord. Pourtant, jamais la société, en particulier la jeunesse, n’a été aussi mobilisée : en témoigne la « Marche mondiale pour le climat » en 2019 et l’action menée par la jeune militante écologiste suédoise Greta Thunberg : elle est invitée à l’ONU pour évoquer le réchauffement climatique et interpelle les dirigeants des États.
  • En 2020, avec la pandémie (=épidémie présente sur une large zone géographique) de Covid-19, apparue à Wuhan en Chine et qui s’est diffusée à l’échelle mondiale, l’humanité s’est trouvée confrontée à un nouveau défi, sanitaire celui-ci. Les États ont pris chacun leurs mesures afin d’enrayer la propagation de l’épidémie et de l’éradiquer. Mais aucune coopération internationale n’a réellement été mise en œuvre malgré les alertes et les recommandations de l’OMS (=organisme dépendant de l’ONU créé en 1948 chargé des questions de santé publique).

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