Connaissances - La modification des grands équilibres économiques et politiques mondiaux des années 1970 à 1991

Comment les grands équilibres économiques et sociaux sont-ils modifiés des années 1970 à 1991 ?

 

  • De 1973 à 1991, le monde subit une modification des grands équilibres (situations marquées par un état de stabilité) économiques et politiques : les chocs pétroliers de 1973 et de 1979 plongent les pays occidentaux dans la crise et le chômage, le modèle communiste s’effondre…
  • La Guerre froide se poursuit jusqu’à la fin des années 1980 mais la révolution iranienne fait émerger une nouvelle idéologie – l’islamisme – qui rejette le modèle occidental et le communisme. Un mouvement de démocratisation touche l’Europe du Sud en 1974-1975, ce qui permet d’élargir la CEE, puis l’Europe de l’Est en 1989-1990, ce qui fait imploser le bloc soviétique et l’URSS.

 

I. Les nouveaux (dés)équilibres économiques mondiaux

 

A. La fin de longues années de forte croissance

  • Au début des années 1970, la croissance des pays occidentaux s’essouffle. En 1971, les États-Unis connaissent leur premier déficit de la balance commerciale (différence entre le montant ou le volume des importations et celui des exportations). La guerre du Vietnam accentue les difficultés financières des États-Unis et pousse le président Richard Nixon à décider, en 1971, la fin de la convertibilité du dollar en or. Les Américains procèdent aussi à des dévaluations (politiques consistant à baisser la valeur de sa monnaie). C’est donc la fin de la stabilité monétaire mise en place lors de la conférence de Bretton Woods en 1944.
  • En 1973, le premier choc pétrolier a lieu. Les pays de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) décident d’une forte hausse des prix pour compenser les pertes de revenus liées aux dévaluations américains. Les pays arabes annoncent également une réduction de la production qui accentue la hausse des prix : ces pays veulent faire pression sur les pays occidentaux, soutiens d’Israël contre ses voisins arabes dans la guerre de Kippour en 1973.
  • En 1979, un second choc pétrolier se produit. La révolution iranienne (1979) puis la guerre Iran-Irak (1980-1988) sont à l’origine d’une seconde hausse des prix du baril de pétrole. En 1980, il est 10 fois plus élevé qu’en 1972. La production du Moyen Orient est réduite et les pays arabes, en conflit avec les compagnies occidentales, refusent d’augmenter leur production pour compenser la baisse des exportations iraniennes.

 

B. La crise économique des pays occidentaux

  • La crise est mondiale mais touche particulièrement les pays occidentaux. Elle révèle leur forte dépendance vis-à-vis des pays exportateurs de pétrole. Dans tous ces pays, le déséquilibre de la balance commerciale s’accentue. Les industries traditionnelles (sidérurgie, textile, automobile) sont particulièrement touchées. Entre 1970 et 1982, les États-Unis sont en récession (= croissance négative dans une économie pendant au moins deux trimestres), perdant des parts de marché face à la concurrence grandissante de pays comme la RDA, le Japon ou la Corée du Sud.
  • La crise économique met fin au plein emploi (= situation dans laquelle le taux de chômage est très faible) des « Trente Glorieuses » et entraîne un chômage de masse. Dans les pays occidentaux, le chômage passe de 5,4% en 1979 à 10% en 1986. (soit 40 millions de personnes sans emploi). Les jeunes peu qualifiés, les femmes et les immigrés sont proportionnellement les plus touchés. Alors que la crise freine la hausse des salaires, les prix augmentent sous l’effet de l’inflation (augmentation générale et durable des prix). La vie devient donc plus difficile pour des millions de personnes, surtout les petites gens.
  • Les gouvernement des pays industrialisés ont recours à des politiques économiques classiques. Ils alternent entre des politiques de relance (politiques définies par l’économiste britannique John Meynard Keynes dans les années 1930 afin de provoquer la reprise de la croissance par une augmentation des dépenses publiques) et des politiques de rigueur (politiques définies par l’économiste états-unien Milton Friedman dans les années 1960 pour provoquer une reprise de la croissance par la maîtrise des dépenses publiques et une hausse de la fiscalité). En France, les politiques de relance par la consommation de 1975 et de 1981 ont des effets mitigés : elles augmentent la dette de l’État et le déficit commercial. La politique de rigueur mises en place en 1976 et en 1983 entraînent le blocage des dépenses et un fort mécontentement social.

 

C. Les mutations des économies et des sociétés

 

  • De nouvelles stratégies émergent. Le sommet de Rambouillet en 1975 regroupe les six premiers pays industrialisés ; il devient le G6 en 1976. Dans les années 1980, sous l’impulsion de Ronald Reagan aux États-Unis et de Margaret Thatcher au Royaume-Uni, la libéralisation (= politique visant à réduire le rôle de l’État au profit des marchés et du secteur privé) de l’économie s’impose. Le rôle de l’État est réduit par des privatisations (= vente d’entreprises publiques au secteur privé), comme British Telecom au Royaume-Uni en 1984, et la dérégulation (= suppression de règles qui encadrent les activités économiques) progresse.
  • La division internationale du travail (= répartition des tâches entre différents pays, chacun se spécialisant dans la production qui lui procure le plus d’avantages) favorise la reprise des échanges. Les grandes firmes, comme Nike, font des délocalisations (= transferts de sites productifs dans un autre pays) vers la Chine pour profiter d’une main-d’œuvre à bas coût. La Chine de Deng Xiaoping, convertie à un capitalisme d’État (= modèle dans lequel l’État contrôle le capital des entreprises et réglemente les entreprises étrangères) capte ces flux.

  • Les populations des pays occidentaux s’adaptent. Le travail des femmes se généralise. L’allongement des études et la croissance du temps partiel réduisent la demande d’emplois. Des secteurs industriels porteurs comme l’électronique ou les télécommunications embauchent massivement. La crise aboutit à une hausse du niveau de vie et à un renforcement des inégalités.

 

II. Les nouveaux (dés)équilibres géopolitiques mondiaux

 

A. En Europe, démocratisation et élargissement

 

  • En Europe du Sud, les dictatures chutent. Au Portugal, la transition démocratique (= passage d’un régime autoritaire à un régime démocratique) commence avec le coup d’état organisé le 25 avril 1974 appelé la « révolution des œillets ». Des militaires renversent le Président du Conseil António Salazar, au pouvoir depuis 1932. Il est remplacé par le socialiste Mário Soares, qui se charge de la rédaction d’une constitution démocratique en 1976.
  • En Grèce, les étudiants manifestent dès 1973 contre la « dictature des colonels » mise en place en 1967. En juillet 1974, les colonels tentent d’installer une dictature à Chypre, ce qui les prive du soutien des États-Unis et entraîne leur chute. Le 24 juillet 1974, la démocratie est restaurée, avec à sa tête l’ex-Premier ministre Konstantinos Caramanlis qui rentre d’exil.
  • En Espagne, la mort du dictateur Francisco Franco en 1975 permet à son successeur désigné, le roi Juan Carlos, et à son Premier ministre Adolfo Suarez de démocratiser le régime : en 1978, une constitution démocratique est adoptée. Devenue une monarchie parlementaire, l’Espagne résiste à une tentative de coup d’état franquiste à Madrid le 23 février 1981.
  • Devenus des démocraties, ces pays d’Europe du Sud aspirent à entrer dans la CEE. Mais leur niveau économique bloque. Finalement, à l’issue d’une longue négociation avec la CEE, ont lieu l’adhésion de la Grèce (1981), puis l’adhésion de l’Espagne et du Portugal (1986).

 

B. En Iran, révolution et montée de l’islamisme

 

  • Au pouvoir depuis 1953, le Shah d’Iran est à la tête d’une monarchie autoritaire soutenue par les États-Unis. Il mène une politique de répression contre ses opposants, de modernisation économique et de rapprochement avec l’Occident. Mais sa politique heurte le clergé chiite et la population iranienne. L’ayatollah Rouhallah Khomeiny, contrait à l’exil, appelle à la révolution.
  • La contestation s’amplifie à partir de 1978, alors que le pays traverse une grave crise économique. Les manifestations se multiplient et en janvier 1979, le Shah quitte l’Iran, laissant son Premier ministre tenter de ramener l’ordre dans le pays. De retour à Téhéran le 1er février 1979, Khomeiny conteste la légitimité du gouvernement, critique ses liens avec les États-Unis et appelle à mettre en place une révolution islamique. Le 11 février 1979, le régime s’effondre et l’islamisme (= mouvement cherchant à construire un système politique encadrant totalement l’État et la société et en s’appuyant sur une lecture radicale de l’islam) s’impose à Téhéran. Le chiisme (branche minoritaire dans l’islam mais majoritaire en Iran) est pouvoir.
  • Le 1er avril 1979, a lieu la proclamation de la République islamique d’Iran. La Constitution confère le pouvoir politique au membres élevés du clergé chiite : Khomeiny devient « Guide suprême de la Révolution » et est le premier personnage de l’État, devant le Président. Pour obtenir l’extradition du Shah, réfugié aux États-Unis, Khomeiny ordonne la prise d’otage du personnel de l’ambassade américaine entre novembre 1979 et janvier 1981. Les livraisons d’armes américaines à l’Irak pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988) confortent l’anti-américanisme. L’Iran est isolé sur la scène internationale : il se construit dans le rejet de l’Occident et devient le symbole de l’islamisme politique.

 

 

C. L’effondrement du bloc soviétique et de l’URSS

 

  • Entre 1989 et 1991, toutes les démocraties populaires (dictatures communistes d’Europe de l’Est) rompent avec le communisme de manière plus ou moins violente. Profitant de l’ouverture de la frontière austro-hongroise en mai 1989, des milliers d’Allemands de l’Est fuient vers l’Ouest. Incapable de stopper ces flux massifs et ne pouvant plus compter sur l’aide soviétique car Mikhaïl Gorbatchev se refuse à intervenir dans les démocraties populaires, le gouvernement est-allemand ouvre les postes-frontières entre Berlin-Est et Berlin-Ouest le 9 novembre 1989 : c’est la chute du mur de Berlin. La réunification de l’Allemagne intervient le 3 octobre 1990.
  • En Pologne, le gouvernement est forcé d’accepter la tenue d’élections libres en juin 1989 : Solidarnosc (= syndicat ouvrier fondé en 1980 qui devient ensuite un parti politique défendant la transition démocratique) remporte triomphalement les élections et son fondateur, Lech Walesa, entre au gouvernement. En janvier 1990, le parti communiste s’auto-dissout et le Président Wojciech Jaruzelski démissionne : en décembre 1990, Lech Walesa est élu Président.
  • La Chine de Deng Xiaoping, qui a libéralisé une partie de son économie, reste une dictature communiste implacable qui ne tolère aucune contestation politique, comme en témoigne la répression des manifestations de la Place Tian’anmen à Pékin en juin 1989.
  • À son arrivée au pouvoir en URSS en 1985, Mikhaïl Gorbatchev veut redonner du dynamisme au système soviétique. Il lance la Perestroïka (= politique de réforme économique) en 1985 et la Glasnost (politique de transparence prônant la liberté d’expression) en 1986. Il souhaite libéraliser en partie l’économie, réduire le rôle dirigeant du Parti communiste et favoriser la liberté d’expression. Peu à peu, des critiques s’élèvent contre les régimes communistes.
  • En URSS, la politique de Gorbatchev fait naître des revendications indépendantistes. En 1990, les républiques baltes proclament leur indépendance, suivies par toutes les autres républiques de l’URSS. En juin 1991, la Russie élit un président au suffrage universel direct : Boris Eltsine. Pensant sauver le système, Gorbatchev annonce le passage à l’économie de marché. Les communistes conservateurs font un coup d’état le 19 août 1991 mais il échoue.
  • Le 3 décembre 1991, la paix est signée avec les États-Unis : c’est la fin de la Guerre froide. Le 21 décembre 1991, la création de la Communauté des États indépendants (CEI) fait de l’URSS une coquille vide. Le 25 décembre 1991, Gorbatchev démissionne : c’est la fin de l’URSS.

 

Conclusion

• Les années 1970 et 1980 mettent en place un nouvel équilibre économique : les deux chocs pétroliers entraînent une crise économique mondiale, marquée une hausse du chômage et de l’inflation.

• Elles contribuent aussi à la mise en place d’un nouvel équilibre politique : effondrement des dictatures en Europe du Sud au milieu des années 1970 ; arrivée des islamistes chiites au pouvoir en Iran en 1979 ; libéralisations en Chine sous Deng Xiaoping, qui permet son ouverture sur le monde et libéralisation en URSS sous Gorbatchev, qui entraîne la fin du bloc soviétique et de l’URSS.

 

 

Cours inspiré de celui de Nicolas Florian

Date de dernière mise à jour : 18/04/2023

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