Connaissances - Bipolarisation et émergence du Tiers-monde (1948-1975)

  • De 1949 au milieu des années 1970, le monde est marqué par deux phénomènes historiques majeurs, répondant à des logiques différentes : la bipolarisation (division du monde en deux camps opposés pendant la Guerre froide) et la décolonisation (accession à l’indépendance pour les colonies).
  • La Guerre froide entre l’URSS et les États-Unis engendre une bipolarisation, avec des blocs unis autour de deux superpuissances. Celles-ci évitent l’affrontement, à cause de l’arme nucléaire, et préfèrent s’opposer dans des conflits indirects, par alliés interposés.
  • En même temps, la décolonisation permet l’accession à l’indépendance de nombreuses colonies asiatiques et africaines. C’est alors qu’émerge le Tiers-monde, regroupant les pays en dehors de la logique des deux blocs : cela favorise l’affirmation de nouveau acteurs internationaux.

 

Comment la bipolarisation et la décolonisation a-t-elle contribué à l’émergence de nouveaux acteurs qui modifient l’ordre mondial ?

 

I. La bipolarisation du monde

 

A. Un monde divisé en deux blocs

 

  • Durant la Guerre froide, les deux Grands défendent leur modèle et dénoncent la volonté d’hégémonie de l’adversaire. Dans le bloc américain, les États-Unis promeuvent l’économie de marché, le libre-échange la démocratie libérale (régime qui défend les libertés politiques = pluripartisme, libertés fondamentales) et le capitalisme (système économique dans lequel les moyens de production sont privés et où le profit est un but à atteindre). Face à la « menace communiste », ils signent des alliances militaires comme, l’OTAN en 1949. Les États-Unis signent le 4 avril 1949 une alliance défensive, le traité de l’Atlantique nord, avec le Canada et dix pays européens, qui crée une organisation militaire sous commandement américain (l’Organisation du traité Atlantique nord, OTAN). Les États-Unis signent aussi des pactes régionaux (pactes de Rio et de Bagdad, ANZUS et OTASE) et des alliances bilatérales (Japon, Taïwan, Sud-Vietnam, Corée du Sud) pour contenir l’expansion du communisme dans le monde. En 1947, ils proposent un plan d’aide aux pays d’Europe qui respectent ces valeurs (plan Marshall). L’aide est acceptée par les pays d’Europe de l’Ouest et elle est répartie par une organisation européenne, l’OECE.
  • Dans le bloc soviétique, l’URSS impose le modèle de la démocratie populaire (régime dictatorial dont le pouvoir est exercé par un parti unique, le parti communiste) et du communisme (idéologie visant à la mise en commun des moyens de productions et à la mise en place d’une société égalitaire). En Europe de l’Est, Staline accentue la soumission des démocraties populaires en faisant placer à la tête des États des staliniens inconditionnels et dociles. Face à l’« impérialisme américain », elle s’appuie sur le Pacte de Varsovie, une alliance militaire signée le 14 mai 1955 qui lui permet de protéger et de contrôler les pays communistes d’Europe de l’Est. Le bloc est renforcé par le rapprochement avec la Chine, au moment de l’arrivée au pouvoir des communistes de Mao Zedong en octobre 1949. Les économies nationales se calquent sur le modèle soviétique, avec une planification impérative et la nationalisation des entreprises. Les relations économiques entre les démocraties populaires et l’URSS sont intensifiées par le COMECON (24 janvier 1949).   En 1949, le dirigeant communiste Mao Zedong s’empare du pouvoir en Chine et installe à son tour un régime communiste. La République populaire de Chine s’aligne économiquement (collectivisation) et politiquement (parti unique, culte de la personnalité de Mao) derrière l’URSS de Staline. De son côté, l’URSS signe un traité d’assistance mutuelle avec la nouvelle République populaire de Chine en 1950.
  • Le mur de Berlin devient le symbole de la bipolarisation du monde. Édifié en août 1961 par la RDA autour de Berlin Ouest pour empêcher les Allemands de l’Est de rejoindre l’Ouest, il matérialise la frontière quasi-infranchissable entre les deux blocs jusqu’en 1989.

 

B. Course aux armements, compétitions et propagandes

 

  • Les deux superpuissances se livrent une course aux armements. L’obtention de la bombe atomique par l’URSS en 1949 fait craindre une destruction mutuelle : les deux superpuissances sont alors à égalité en termes d’armement. Dès lors, la dissuasion nucléaire (peur provoquée par le recours à l’arme nucléaire chez l’ennemi parce que les bénéfices de son usage seraient moindres que ses coûts humains et matériels) interdit tout conflit entre les deux Grands.
  • Après la mort de Staline en mars 1953, la guerre froide baisse d’intensité. Son successeur, Nikita Khrouchtchev, adopte à partir de 1956 une ligne de coexistence pacifique entre les blocs.
  • Les deux Grands s’affrontent aussi dans une course à l’espace. L’enjeu est stratégique : les fusées permettent aussi de tirer des missiles intercontinentaux. Les Soviétiques prennent de l’avance avec le premier satellite (Spoutnik, 1957) et le premier homme dans l’espace (Youri Gagarine, 1961) mais les Américains les rattrapent en allant sur la Lune (Apollo 11, 1969).
  • La confrontation entre les deux camps se joue aussi sur le terrain de la culture. Les Jeux olympiques (nombreuses victoires soviétiques aux Jeux olympiques de 1956 et 1960)  permettent de prouver sa supériorité. Le cinéma hollywoodien et l’American Way of Life (modèle social et culturel, vanté par la publicité et le cinéma, qui se caractérise par une vie dans un pavillon, avec une automobile et de l’électroménager) renforcent l’attractivité du modèle états-unien. Les séries des années 1960 (comme Ma sorcière bien aimée) ou celles des années 2020 (comme Why women kill) en attestent.
  • À partir de 1948, par une intense propagande, chaque camp se présente comme facteur de paix et de prospérité dans le monde, à l’inverse de l’adversaire.

 

C. Des crises indirectes à l’affrontement

 

  • La Guerre froide est marquée par des crises, mais sans affrontement direct entre les deux Grands, c’est-à-dire les deux superpuissances de la Guerre froide : les États-Unis et l’URSS. Lors de la guerre de Corée (1950-1953), les États-Unis envoient leurs troupes en Corée du Sud mais l’URSS s’y refuse et pousse la Chine à intervenir. De même, l’URSS ne fournit qu’un soutien matériel aux communistes d’Hô Chi Minh lors de la guerre du Vietnam.
  • La crise des missiles de Cuba (octobre 1962) et la guerre du Vietnam (1964-1975) sont en partie typiques des crises de Guerre froide.

  • Les années 1960 marquent une fragilisation des blocs. L’échec militaire des États-Unis au Vietnam remet en cause son autorité dans le bloc américain et dans le monde. Le bloc soviétique est affaibli par la rupture avec la Chine. L’année 1968 constitue à cet égard un tournant dans le monde, avec des manifestations dans le bloc américain comme dans le bloc soviétique.
  • L’année 1968 constitue un moment de contestations, souvent réprimées.

 

 

II. La décolonisation, l’émergence du Tiers-monde

et de nouveaux acteurs internationaux

 

A. L’accès des colonies à l’indépendance

 

  • En 1945, le contexte est propice à la décolonisation. La Seconde Guerre mondiale a fragilisé les métropoles coloniales (pays ayant conquis des colonies). Par ailleurs, l’ONU et les deux Grands dénoncent la colonisation au nom du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » (principe du droit international selon lequel un peuple a le droit de décider de son avenir, c’est à- dire de son indépendance et de son régime politique).
  • La décolonisation débute en Asie dès 1945, avant de gagner l’Afrique dans les années 1950. Au Moyen Orient, l’influence européenne prend fin en 1956 avec la crise de Suez : le président égyptien Nasser nationalise le canal de Suez. Toutefois, la création de l’État d’Israël en 1948, après le départ britannique de Palestine, engendre des conflits avec ses voisins arabes, unis par le panarabisme (idéologie visant à unir tous les pays arabes au sein d’un même État), à l’image de la guerre des Six Jours (1967) : les pays arabes sont une nouvelle fois vaincus par Israël.
  • Les métropoles refusent parfois l’indépendance, entraînant des conflits comme la guerre d’Indochine (1947-1954) ou la guerre d’Algérie (1954-1962). Cependant les décolonisations sont le plus souvent négociées comme en Inde (1947) ou en Afrique, où les Français et les Britanniques visent à préserver leurs intérêts économiques et militaires après leur départ.
  • La guerre d’Indochine (1947-1954) est un conflit lié à la décolonisation.

 

B. La volonté de s’affirmer sur la scène internationale

 

  • Les anciennes colonies émergent sur la scène internationale en 1955 lors de la conférence de Bandung : elles tentent de former un nouveau groupe, le tiers-monde (expression créée en 1952 par le démographe français Alfred Sauvy pour désigner les pays les moins développés et nouvellement indépendants). La Chine de Mao Zedong, dont les relations avec l’URSS se dégradent, se rapproche de ces pays afin de s’affirmer comme un acteur international.
  • Les nouveaux États veulent échapper à l’influence des deux Grands. Le non alignement (refus des États issus de la décolonisation de prendre parti en faveur de l’un des deux blocs de la Guerre froide) naît lors de la rencontre de Brioni (1956) entre l’indien Nehru, l’égyptien Nasser et le yougoslave Tito, qui a aussi rompu avec l’URSS. La conférence de Belgrade (1961) réunit 25 pays non-alignés ; ils sont 75 à la conférence d’Alger en 1973.
  • Pour mieux se faire entendre, les pays d’Afrique et d’Asie utilisent l’ONU. Devenus majoritaires à l’Assemblée générale en 1964, ils obtiennent la création de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), chargée d’aider au développement (processus permettant une meilleure satisfaction des besoins humains) du tiers-monde.

 

C. Les difficultés des États post-coloniaux

 

  • Les espoirs de paix et de démocratie sont vite déçus. Des régimes autoritaires s’installent dans la plupart des nouveaux pays : au Gabon, indépendant depuis 1960, Omar Bongo puis son fils Ali Bongo sont Présidents de la République sans discontinuer depuis 1967. Les frontières sont disputées et suscitent des conflits : c’est le cas de la guerre du Cachemire (depuis 1947) entre l’Inde et le Pakistan ou encore dans des États pluriethniques (pays dans lequel cohabitent plusieurs ethnies) comme la guerre du Biafra (1967) au Nigeria.
  • Les ex-colonies gardent une économie fondée sur l’exportation de matières premières : pétrole en Algérie, ananas en Côte-d’Ivoire… Ces pays du Sud restent dépendants des pays du Nord qui les fournissent en biens manufacturés plus coûteux. Ils dénoncent le néocolonialisme (nouvelle forme de domination économique et culturelle, exercée par les pays riches sur les anciennes colonies) et demande un nouvel ordre économique mondial qui leur soit plus favorable.
  • En quête d’assistance, les pays non-alignés se rapprochent vite d’un des Grands. Leur choix est aussi motivé par des raisons idéologiques ou géopolitiques : en 1971, l’Inde s’allie à l’URSS car les États-Unis aident le Pakistan. Rares sont les pays d’Asie et d’Afrique qui échappent finalement aux logiques de la Guerre froide.

 

Conclusion

  • À partir de la fin des années 1940, le monde est dominé par les États-Unis et l’URSS et il se divise en deux blocs distincts. Entre les deux superpuissances, l’affrontement passe notamment par la course à l’espace et par la course aux armements. Cette-dernière suscite provoque la crainte d’un conflit nucléaire mondial au moment de la crise des missiles de Cuba en octobre 1962.
  • Au cours des années 1950 et 1960, la majorité des colonies européennes se détachent de leur métropole et obtiennent l’indépendance. Les pays en développement cherchent à s’unir pour défendre leur autonomie et leurs intérêts communs. Le mouvement des non-alignés a l’ambition de rassembler tous les pays du tiers-monde qui refusent de prendre parti dans la Guerre froide.

Date de dernière mise à jour : 26/02/2023

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