Les 100 personnages du XXe siècle
Muhammed Ali (Cassius Clay) né en 1942
"Il est vilain et je suis beau, donc je dois gagner contre le Gros Ours (Sonny Liston)"
Un jour, pendant l'année 1954, un jeune Noir en pleurs fait irruption dans une salle de boxe. L'entraîneur, qui est aussi un officier de police, écoute patiemment sa plainte. On a, dit-il, volé son vélo qu'il avait négligemment laissé devant un magasin, le temps d'acheter des bonbons. "Trouvez le voleur, demande-t-il, ensuite je le rosserai." Le coach est séduit par la détermination de cet avorton et lui lance en guise de boutade : "apprends d'abord la boxe et ensuite tu pourras te venger." Le lendemain et les jours suivants, le petit Cassius Clay devient un assidu du saut à la corde et du sac à sable.
Le 25 février 1964, Cassius Clay doit affronter Sonny Liston pour le championnat du monde des poids lourds. Lévénement est d'une importance capitale pour la suite de sa carrière. Le jeune prétendant affiche une assurance déconcertante.
Cassius Clay utilise les médias pour investiver son adversaire, prôner la religion musulmane et crier sa haine des blancs. Il a délibérément choisi le personnage de l'affreux : l'antipathie attire l'attention du public. Le jeune homme invente sa propre communication. Son éventuelle réussite engendrerait la gloire ; sa défaite ferait de lui un objet de dérision. Le combat offre l'opposition de deux styles ou plutôt de deux époques : d'un coté la boxe rétrograde de Liston, de l'autre l'agilité surprenante du futur champion.
Miami voit naître, à 22 ans, le nouveau dieu des poids lourds.
Quelques semaines plus tard, Cassius Clay se convertit à la religion islamique et adopte le nom de Muhammed Ali. Derrière cet artiste de ring se cache un croyant sincère. En 1967, les autorités américaines l'appellent sous le drapeau pour accomplir son service militaire au Vietnam ; le champion, fidèle à sa foi, refuse. Les sanctions sont alors immédiates : le boxeur est condamné à 5 ans de prison et privé de licence sportive.
Ali peste contre l'establishment et vilipende les conformismes. Le combat est passé du ring à la scène sociale et politique. Son action galvanise le nationalisme noir. C'est la première fois qu'un pugiliste se transforme en homme politique. Vers la fin de sa carrière, le champion est frappé de la terrible maladie de Parkinson.
Avec 56 victoires en 61 combats dont 37 K.-O., il reste l'un des plus grands boxeurs de l'Histoire.
Date de dernière mise à jour : 24/12/2015